chinese-calligraphy-abstract-art-mind-painting La calligraphie chinoise, art abstrait, peinture de l'esprit

  • Introduction

Discipline Mentale

La calligraphie a toujours occupé une place prééminente dans l'art chinois. Bien des philosophes et des savants l'ont pratiquée non seulement pour elle même mais aussi comme discipline mentale qui exige persévérance et concentration. Selon les témoignages de bien des artistes, la calligraphie pourrait en effet, si l'on s'y exerce assez longtemps, dissiper l'angoisse, et protéger des soucis et des tensions émotives.

Phoenix Ou-Yang Xiu (1007-1072), l'un des huit plus grands maîtres des dynasties des Tang et des Sung, assumait de très lourdes responsabilités à la cour impériale. À ses moments de loisir, il faisait de la calligraphie. Dans un de ses textes, il décrit comment il y est resté attaché :« Dans mon enfance, j'avais toutes sortes de passe-temps. À l'age adulte, je les ai tous abandonnés, soit parcequ'ils ne m'intéressaient plus ou que je n'avais plus la force de m'y livrer. Le seul que j'ai gardé et pour lequel mon intérêt n'a cessé de grandir au cours des ans est la calligraphie... Je comprends maintenant pourquoi les maîtres des temps anciens lui accordaient autant d'importance».

Les deux niveaux

Dans l'éducation artistique chinoise l'exercice de la calligraphie vient avant tout. Elle développe chez celui qui la pratique un sens aigu du réel, depuis les lignes les plus simples jusqu'aux formes et aux mouvements les plus complexes.

Cet art joue sur deux registres différents, l'un formel, l'autre créatif. Il faut acquérir une grande habileté avant de pouvoir créer des calligraphies inspirées par une vision personnelle de la vie. Le débutant doit d'abord passer par une étape plus formelle, apprendre le maniement du pinceau pour chacun des traits, connaître l'architecture de chaque caractère et la composition générale d'une oeuvre. Ce livre aborde ces deux registres et se propose d'aider ainsi le lecteur à mieux accéder à l'étude et l'appréciation cet art.

Calligraphie, fondement de la peinture chinoise et la gravure de sceaux

seal03 La quête de la création en calligraphie suit un long chemin semé de toutes sortes de surprises et de bonheurs qui enrichissent profondément la vie. Ses fondements artistiques peuvent être transposés à d'autres formes d'art.

Par exemple, la peinture en Chine utilise des techniques de pinceau issues de celles de la calligraphie. Le lien entre ces deux disciplines est tel qu'on dit même «écrire » une peinture et non «peindre». La gravure de sceaux est aussi une variante de la calligraphie. Sans de solides fondations en calligraphie, une oeuvre est rarement bonne. En terminant, signalons que les idées créatrices de la calligraphie chinoise ont inspiré un certain nombre d'artistes occidentaux célèbres.

Comment apprécier la calligraphie chinoise

À leur début, beaucoup de mes élèves, tant d'origine orientale qu'occidentale, me posent cette question : «Comment apprécie-t-on une calligraphie?» Certains me pressaient même d'y répondre dans ce livre. Mais ce sujet ne se traite pas en quelques lignes et j'espère pouvoir le développer dans un autre ouvrage.

Je vais me contenter ici d'éclairer la question. Boire du thé en Chine ou du vin en Occident fait partie de la vie. Pour arriver à connaître et apprécier à leur juste valeur ces breuvages il faut avoir l'occasion de les déguster souvent. De la même façon, la faculté de comprendre et d'apprécier les calligraphies provient d'une longue et sérieuse pratique de leur lecture et de leur exécution. Pour un débutant, apprendre dans un traité théorique est une pure perte de temps.

Création et Tradition

Si l'aspect créatif reste une qualité majeure de la calligraphie, la tradition est l'élément fondateur de toute création et quelque novatrice que soit une oeuvre, elle doit la respecter. En ce sens, l'art chinois se distingue d'un point de vue occidental contempoirain qui revendique une totale liberté dans le domaine de la création artistique.

En fait, selon l'esprit de l'Occident modern, une oeuvre trop respectueuse de serait condamnée comme simple copie ou même piratés. Il y a là encore une différence considérable entre les conceptions artistiques orientales et occidentales.

À notre époque de communication et d'influences réciproques, le calligraphe a la difficile mission de transmettre la tradition dont il a hérité tout en portant ses efforts sur la création artistique. Idéalement, il faudrait absorber le meilleur de la culture occidentale sans perdre trace de la tradition originelle orientale. C'est à cette seule condition que la calligraphie chinoise pourra se développer et non mourir.

Composition en calligraphie chinoise

seal02 Si j'évoque trop rapidement dans ce livre la construction des caractères, la composition d'une oeuvre, les instruments du calligraphe, les reproductions par estampage et les styles d'écriture, c'est par manque de place. J'ai préféré en consacrer davantage aux techniques de maniement du pinceau pour faire comprendre au lecteur leur importance et ainsi lui éviter de les apprendre de façon mécanique sans en saisir la portée.

On comprendra facilement qu'étudier les formes et la composition en calligraphie sans connaître ces techniques de base peut être aussi vain que de construire un château dans les airs. Il faut d'abord appredre à maîtriser le pinceau pour pouvoir tracer des épais ou fin, longs ou court, élément de base de la construction des caractères et de la composition calligraphie.

Jargon de calligraphie chinoise

Les expressions chinoises traditionnellement consacrées à la calligraphie sont très sophistiquées et je les ai souvent délaissées pour en utiliser de plus simples. Cela dit, il y a une limite à l'explication et la décomposition de chaque mouvement. Il est clair qu'on n'apprendra jamais la calligraphie dans un livre qui ne peut remplacer un professeur.

On apprendra bien mieux et beaucoup plus vite d'une démonstration directe. J'ai donc simplement voulu dans cet ouvrage donner une introduction aussi claire et juste que possible des grands principes de la calligraphie chinoise afin de permettre au lecteur de mieux comprendre et apprécier cet art.

  • Chapitre 1
    Les idées créatrices en calligraphie

origines légendaires

D'appres les sources écrites, la calligraphie chinoise remonte à plus de trois mille ans. Mais selon la tradition, les caractères chinois auraient été inventés plusieurs milliers d'années auparavant.

Les anciens classiques rapportent que : «Cang Xie, historiographe officiel de l'empereur Jaune, a inventé les premiers caractères grâce à ses quatre yeux et en communion avec les divinités et les dieux. Il regarda le ciel et observa la forme des constellations et la trajectoire des astres. Il se pencha vers la terre et examina les dessins des carapaces de tortues et les empreintes des oiseaux sur le sol.

Donner un sens de la légende

Poursuivant sa recherche, il étudia toutes les merveilles de l'univers et créa les premiers caractères, essence de l'écriture ancienne ». On raconte aussi : «Lorsque Tsang Chieh composait les caractères, les esprits pleuraient la nuit et leurs larmes tombaient du ciel sous forme de grains de riz blanc». Devant ce prodige, on disait : «Il pleut du riz parce que les secrets de la création ont été révéllés. Les esprits et les divinités ont été dévoilés alors ils pleurent la nuit.».

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Cette histoire montre bien qu'une observation minutieuse de la nature se trouve à l'origine de la création du langage écrit. Pourquoi dépeignait-on Tsang Chieh avec quatre yeux? Parce qu'il était au-delà des capacités de l'intelligence ordinaire de créer le langage écrit et qu'il faut avoir des yeux particulièrement clairvoyants pour entrer en communion avec les divinités et les dieux. Les «quatre yeux» symbolisent une vue globale de l'infinité des manifestations.

  • Il observa les innombrables choses et les multiples êtres qui composent l'univers et révéla les mystères de l'art de la nature, ignorés du commun des mortels.
  • Et le ciel et la terre en furent stupéfiés.

Commencement de la pinceau chinoise

Si la création du langage écrit est empreinte de mystères, on sait avec plus de certitude que l' usage du pinceau est devenu courant au cours de la dynastie des Shang (1766- 1122 av. J.-C.).  Avec ses poils doux et souples, le pinceau a largement contribué au perfectionnement progressif des techniques d'écriture pour porter la calligraphie au rang d'art spécifique.

Evolution de la calligraphie chinoise

Plus tard, pendant la dynastie des Han (206  av. J.-C.- 220  apr. J.-C.), cet art a évolué pour se fixer en styles successifs: l'écriture sigillaire, première écriture gravée, la cléricale, la courante et la régulière. Déjà à cette époque toutes ces formes d'écriture se distinguaient l'une de l'autre et avaient atteint leur pleine maturité. Mais c'est l'invention de la fabrication du papier par Choi Lun, vers cette époque, qui constitue l'événement majeur du développement de l'art de la calligraphie, tant la sensibilité du papier répondait bien à la douceur et à la flexibilité du pinceau.

Découvertes par l'observation

À toutes les époques, on a pu voir à toutes les époques des calligraphes qui voulaient se démarquer des styles officiels. Ils exploraient les myriades de transformations de la nature, et en pénétraient les détails avec une infinie précision et une grande puissance d'émerveillement et ont ainsi obtenu de magnifiques résultats. Ils s'inspiraient de leurs découvertes pour créer ce qu'on peut appeler des “ idées images ”.

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On peut dire qu'avec sa personnalité, ses sentiments, sa culture et son éducation, le calligraphe de jadis observait paisiblement les formes et le mouvement de tout ce qui composait son univers. Ses observations lui inspiraient des idées images, véritable essence de la calligraphie, qui se révélait ensuite dans chaque trait de son écriture.

Ainsi, la calligraphe Wei Fu-Ren de la dynastie des Xin (265-420) décrivait:

  • les traits en forme de point en calligraphie comme «des rocher tombant d'un sommet élevé»,
  • un trait horizontal comme «une rangée de nuages de mille milles».

Chang Yuk, de la dynastie des Tang, obtint des progrès majeurs dans son style d'écriture cursive après avoir vu une danse de l’épée interprétée par Dame Kung Suen. Wei Su (725-785), sous la même dynastie, eut la révélation des techniques de pinceau de l'écriture cursive en observant «l'architecture mobile des nuages d'été, l'envol des oiseaux au-dessus de la forêt et les ondulations des serpents effrayés se cachant dans l'herbe». Ainsi, les traits sont animés de formes et de mouvements qui sont des représentations abstraites des réalités de l'univers plutôt que leur reproduction matérielle.

Idée-Image

Choi Yung, de la dynastie des Han offre une explication très éclairante des idées images qui habitent la calligraphie chinoise. «La substance des traits doit être douée de formes  telles que :

  • être assis et marcher; voler et bouger;
  • aller et venir;
  • être couché et se lever;
  • souffrir et se réjouir;
  • un ver mangeant des feuilles;
  • une épée pointue et une longue lance;
  • un arc puissant et une flèche dure;
  • l'eau et le feu;
  • les nuages et le brouillard;
  • le soleil et la lune.

Hidden Shapes of Strokes

En bref, tous les traits doivent évoquer une forme cachée, alors on peut parler de calligraphie». Dans ce texte, les mots tels qu'«être assis et marcher», indiquent le mouvement. Dire que l'épée est «pointue», la lance «longue», l'arc «puissant», la flèche «dure» met en évidence bien plus que le contour matériel de ces objets. C'est d'autant plus vrai pour l'eau et le feu, les nuages et le brouillard qui n'ont pas de contour défini. Même si le soleil est «rond» et la lune en «croissant», on ne peut réduire le soleil et la lune à ces apparences, il faut encore évoquer leur essence et leurs qualités propres pour les représenter. En réalité les idées images  de la calligraphie sont des représentations de formes inspirées par la Nature et non des créations mentales de l'artiste.

Une approche Speedy

De nos jours où le progrès porte sur les choses matérielles les êtres humains souffrent  en général d'un manque de vie spirituelle. Ils ont de moins en moins de contacts avec la Nature. La voie qui permet d'explorer des idées images  par l'observation des formes et des mouvements de l'univers n'est pas facilement accessible.

Dans ces conditions, on peut s'exercer à la calligraphie d'une façon différente, efficace et plus rapide, en étudiant des reproductions par estampages des oeuvres anciennes (Note : Ces estampages reproduisent des oeuvres célèbres qui ont été gravées dans la pierre; On distingue deux sortes de reproductions, l'estampage des stèles et celui d'oeuvres manuscrites). Par leur intermédiaire, on pourra comprendre les idées images  et s'éveiller à l'habileté, à la sagesse et même à l'esprit qui les habitent. On pourra s'imprégner de cette beauté qui a son tour se traduira en idées images  qui animeront le bout du pinceau, permettant de libérer l'expression de sentiments personnels tels que la joie, la peine ou la colère. La calligraphie devient alors une création vivante.

Anciens calligraphes

Pour prendre un exemple fameux, les traits véhéments et passionnés de l'écriture courante du poème "Élégie sur la mort d'un neveu" de Yan Zhen-Zhang (709-785), dynastie des Tang reproduisent toute une atmosphère de chagrin et de ressentiment.

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L'écriture courante des poèmes de "Fête de carême de la ville de Huang Zhou" de Su Dong Bo (1037-1101), dynastie des Song, traduit une explosion d'émotions lyriques. Ces oeuvres montrent comment la grande maîtrise de ces calligraphes leur permet d'illustrer leur état d'esprit par les "idées-images".

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Voilà pourquoi la calligraphie était appelée peinture de l'esprit bien qu'il ne s'agisse pas de peinture à proprement parler, mais de suites de caractères écrits dans lesquels les formes inspirées de la nature se trouvent présentes, mais de façon voilée. Là se trouve l'essence propre de l'art de la calligraphie.

Techniques sous-jacentes

La composition ou la formation des idées images  n'est pas chose facile et pour révéler celles-ci dans les traits du pinceau, il faut avoir acquis une très grande maîtrise des techniques appropriées. Suen Gwoh Ting de la dynastie des Tang disait : «Même si les méthodes d'écritures proviennent d'un choix initial, les règles de calligraphie sont toujours là, et le moindre défaut dans le mouvement peut considérablement endommager la qualité du travail. Connaissez parfaitement les techniques de base avant de chercher à mettre en valeur vos propres idées. La pensée doit être juste, mais le pinceau parfaitement maîtrisé. Seulement alors l'écriture pourra devenir libre, naturelle et spontanée.

Idées pourront précéder l'écriture

Une fois cette étape franchie, les idées pourront précéder l'écriture et la calligraphie atteindra toute sa perfection». La création en calligraphie ne peut guère se passer de l'habileté technique. Ce sont les milliers d'années d'efforts acharnés des calligraphes chinois qui nous ont permis de mieux cerner ces principes fondamentaux. Les oeuvres exécutées sans ces techniques et cet esprit ne sont pas des calligraphies et ne devraient pas en porter le nom.

Calligraphies chinoises sont pas des peintures

Notons qu'autrefois, certains types d'écritures se composairent de carctères ornés de dragon, de serpent, de nuage, de tortue et de grue: les formes étaient réalistes et méritaient donc le nom d'image  plutôt que de calligraphie. La calligraphie doit arriver à faire ressortir l'essence des choses à l'aide de techniques appropriées. Les traits dont elle se compose servent à décrire les formes et les mouvements de tout ce qui existe dans l'univers, et cette expression se développe en «idées images» qui en font une peinture de l'esprit.

Maîtrise de la pinceau chinoise

Lorsqu'on ne maîtrise pas son pinceau, on finit par se contenter de «le laisser courir tout seul, l'encre coulant au hasard» et on prétend que ces oeuvres libres sont des créations nées d'idées images. Tout cela n'est que perte de temps et d'énergie.

En revanche, si on ne recherche que la seule beauté des formes et des proportions des caractères en négligent la composition des idées images, il en résulte une calligraphie formelle, monotone et sans intérêt. Mais celle-ci a au moins l'avantage de conserver la technique traditionnelle, alors que «l'oeuvre libre», si elle se répend trop, ne peut que causer la perte de cet art. Les fervents de la calligraphie ne doivent pas perdre de vue sa véritable vocation.

  • Chapitre 2
    Les styles de calligraphie

Unification forcée des écritures en Chine.

À l'époque des Royaumes combattants (403-211 av. J.C.) durant cette longue période régie par «les seigneurs de la guerre», les diversités culturelles issues du régime féodal donnèrent lieu à des variations régionales de l'écriture. Durant la dynastie des Chin, tous les styles qui ne correspondaient pas au modèle officiel furent abolis ou tombèrent en désuétude. Il y eut une unification forcée des écritures en Chine.

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Avant le règne des Chin, le mot même de calligraphie n'existait pas et il fallut attendre la dynastie des Han (à partir de 206 av. J.C.) pour créer un terme qui réunissait les styles divers déjà parvenus à une certaine maturité.

Classification de la calligraphie chinoise styles

Si l'on suit l'ordre chronologique dans l'évolution des styles, on peut citer les écritures sigillaire, cléricale, cursive, courante et régulière (certains proposent l'ordre suivant : sigillaire, cléricale, cursive, régulière et courante). En voici une brève description:

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  • I ‒ La sigillaire
    On peut mettre dans cette catégorie tous les styles antérieurs aux Chin, sous le vocable «grande sigillaire». L'écriture unifiée de la dynastie fut appelée «petite sigillaire». Les premières comprennent les écrits sur os d'oracles et cloches tripodes de la dynastie des Shang (1766-1123 av.J.C.), exemplaires les plus anciens d'écriture qu'on n'ait jamais découverts.
    Mais il ne s'agissait pas d'écriture à l'encre et au pinceau. Même si elles ne font pas partie des premiers écrits chinois, ces «écritures sur os d'oracles» servaient déjà de registres très élaborés, et on en a retrouvé près de cinq mille. Certains caractères sur carapace de tortue ou os d'animaux paraissent d'ailleurs avoir été d'abord écrits au pinceau, puis gravés au couteau. D'autres ont certainement été gravés directement. Les vases rituels à trois pieds et les cloches musicales, portent les «écritures de cloches tripodes» les plus intéressantes. Elles étaient moulées ou gravées dans le cuivre.
  • II ‒ La chancellerie
    Pour satisfaire aux besoins courants de l'écriture, la petite sigillaire a d'abord été simplifiée en «ancienne écriture cléricale» au début de la dynastie des Han occidentaux, puis en écriture cléricale au milieu de cette dynastie. En voici les principales caractéristiques :
    • Les longs traits horizontaux se terminent vers la droite en forme de vague connue comme «la queue de l'oie sauvage».
    • Le début d'un trait horizontal est en «tête de ver à soie»
    • la forme dans laquelle se dessine les caractères évolue du rectangle vertical de la sigillaire en un rectangle horizontal ou un carré. Les traits anguleux prédominent. Les formes rondes des articulations entre les traits verticaux et horizontaux de la sigillaire se modifient, elles deviennent anguleuses et brisées dans l'écriture chancellerie.
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  • III ‒ La cursive
    Le pinceau suit ici le cours de l'écriture, les caractères sont extrêmement simplifiés mais aussi plus difficiles à lire. On distingue trois styles :
    • La cursive ancienne (Zhang Cao):
      Avec l'usage quotidien, l'ancienne écriture cléricale des Han s'est progressivement simplifiée tout en gardant la forme de vague de ses longs traits horizontaux. Les caractères sont encore bien distincts les uns des autres.
    • La cursive moderne:
      Si la précédente était une simplification de la cléricale, celle-là va encore plus loin. La vitesse d'exécution s'accélère, les formes de vague sont écourtées, les traits sont reliés entre eux malgré quelques lignes brisées qui subsistent. On ne distingue plus chaque caractère.
    • La cursive folle:
      Elle est issue des précédentes et la plupart des traits sont reliés. Mais on trouve de violents contrastes au sein de chaque caractère autant que dans la disposition de l'ensemble. Les variations du cours du pinceau sont telles que le style en devient par endroits comme sauvage, voire frénétique ou anarchique. Et pourtant il ne déroge pas à la norme. Respectant la tradition mais totalement libre de toute considération pratique, il devient art pur.
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  • IV ‒ La courante
    Elle est issue du processus de simplification de la cléricale de l'accélération de la vitesse d'exécution et de la mise en évidence des liens entre les traits. Elle s'est ensuite transformée en un style intermédiaire entre la cursive et la régulière, sous l'influence de cette dernière.
  • V ‒ La régulière
    La terminaison en «queue d'oie sauvage» caractéristique de la chancellerie prend la forme de «Laat» et toutes les techniques de la cursive et de la courante sont fondues en un grand nombre de points, becs, crochets et coches de formes diverses pour créer l'écriture régulière. Elle est plus rapide et plus facile à écrire que la chancellerie; mais aussi plus aisée à lire que la cursive ou la courante. La régulière et la courante sont les écritures communement utilisées de nos jours.

L'évolution de l'écriture

Les étapes de l'évolution de l'écriture sont très complexes et il est difficile d'indiquer la date d'émergence de chaque style en particulier. Il est d'ailleurs aussi difficile de leur assigner des limites exactes et de définir tous les styles de transition.

Par exemple, «l'ancienne écriture chancellerie» fut intermédiaire entre la sigillaire et la chancellerie; la «chancellerie cursive» entre la chancellerie et les cursives de composition; la «chancellerie régulière» entre la chancellerie et la régulière. Par ailleurs, les artistes ont créé des styles intermédiaires pour servir leur création.

Ainsi,  la «courante régulière» est une courante mais dont les caractères s'apparentent à régulière; La «courante cursive» est une courante dont les caractères s'apparentent à une cursive. Les illustrations montrent seulement les cinq types fondamentaux : sigillaire, chancellerie, cursive, courante et régulière.

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  • Chapitre 3
    Les outils du calligraphe

Les quatre trésors de l'atelier du lettré

«Les quatre trésors de l'atelier du lettré» désignent les instruments qu'utilise le calligraphe : le pinceau, l'encre, le papier et l'encrier. Meilleurs sont les outils et meilleurs seront les résultats que l'on peut en attendre.

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Le pinceau

  • Les poils souples et durs
    Il se compose de poils d'animal qui peuvent être souples, durs ou d'un mélange des deux. Les poils de chèvre font des pinceaux doux, les poils de loup ou un mélange de poils de loup et de léopard ou encore de poils de chèvre et de loup donnent des pinceaux durs, tous de bonne qualité. Les pinceaux à poil doux absorbent plus d'encre que ceux à poils durs et ils la retiennent mieux, ce qui leur permet de la diffuser plus lentement.
    Les pinceaux à poils doux sont les mieux adaptés à l'écriture. Un débutant peut avoir de la difficulté à les manipuler, mais il les appréciera quand il en aura pris le contrôle. En fait, ces pinceaux constituent un très bon entraînement à la maîtrise de la force de pression. Si un débutant prend l'habitude d'utiliser un pinceau à poils durs, il se sentira mal à l'aise avec un pinceau à poils doux. Il est bon de commencer avec des pinceaux à poils mélangés, ni trop durs ni trop souples.
  • La taille du pinceau
    La taille du pinceau dépend de la taille des caractères que l'on veut écrire. On peut considérer comme règle de base qu'un pinceau de 2 cm de long permet d'écrire des caractères de 3 à 5 cm de haut. Ceci peut servir de critère pour choisir la taille d'un pinceau. En général, si on utilise un pinceau plus grand que la normale, les caractères apparaîtront plus forts. On ne devrait pas utiliser un pinceau plus petit, car les caractères paraîtraient faibles. Le bout d'un pinceau neuf est habituellement enduit de colle qu'on enlève en le faisant tremper et en le rinçant à l'eau froide.
  • Un bon pinceau doit posséder les qualités suivantes:
    • une extrémité pointue
    • des poils également longs
    • un coeur suffisamment fourni
    • des poils flexibles
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L'encre

Autrefois l'encre se présentait en bâton et on la préparait toujours avant d'écrire. Aujourd'hui, on trouve facilement de l'encre de bonne qualité en bouteille. Si on estime que moudre l'encre est une perte de temps, on peut en effet prendre de l'encre liquide. On utilise en calligraphie une moins grande variété de densités d'encre qu'en peinture. On distingue toujours les effets d'une encre épaisse ou légère, séche ou humide. En général, on préfère une encre épaisse à une encre trop légère à condition qu'elle n'adhère pas au poils du pinceau. L'encre épaisse est vibrante et lustrée. L'encre légère peut se répandre trop vite, déformer les caractères et enlever de la vitalité à l'écriture, mais bien contrôlée, elle peut produire d'heureux effets. Pour écrire en sigillaire, en chancellerie ou en régulière, on utilise une encre plus épaisse que pour écrire en courante ou cursive où il convient d'alterner les effets de l'encre humide et sèche.

Le papier

C'est le papier de Chine, plus précisement de Suen, qui donne les meilleurs résultats. Pour s'entraîner, on peut utiliser le papier chinois à base de végétaux qui est moins cher. Il vaut mieux éviter les papiers trop fins ou glacés qui n'absorbent pas suffisamment l'encre.

La pierre à encre ou encrier

On utilise une pierre pour moudre l'encre. On dépose un peu d'eau sur la pierre. On trempe une extrémité du bâton d'encre dans l'eau et on la frotte sur la pierre en maintenant le bâton vertical et en lui communiquant un mouvement circulaire jusqu'à ce qu'on obtienne une encre crémeuse. Si on frotte trop fort, le bâton va s'émietter et l'encre sera grumeleuse. Après usage, on doit rincer la pierre sinon il se forme après séchage un dépôt difficile à enlever qui rend le fond de l'encrier irrégulier. En faisant une nouvelle préparation, ces résidus se mélangent aux moutures fraîches et donnent à l'encre des reflets ternes et sales.

  • Chapitre 4
    La danse l'épée de Dame Kung Suen

Influence de Zhang Xu

L'exemple historique le plus connu d'interaction entre la danse et la calligraphie nous vient de Zhang Xu, illustre calligraphe de la dynastie des Tang. Une danse interprétée par Dame Gong-Sun lui inspira le principe du «pinceau ondulant» qui introduisit une révolution dans ses techniques d'écriture cursive. Il est devenu célèbre par la création de la «folle cursive» qui a entraîné la calligraphie dans un monde sentiments passionnés.

flying-white Il a développé une grande variété de traits horizontaux et verticaux qui ouvrent sur d'infinies possibilités. Ses traits évoquent le tonnerre et les éclairs qui illuminent mille miles à la ronde. Comme son style est sans contrainte, on l'a surnommé «Chang le fou». Malgré sa réputation, sa calligraphie se fonde sur les techniques traditionnelles et il a exercé une profonde influence sur les calligraphes qui l'ont suivi. Son héritage a été repris par «le moine insensé» Wai So qui a développé son propre style de «folle cursive» et acquis la renommée de «l'insensé qui a hérité du fou». On les reconnaît tous les deux comme les sages de la cursive.

La calligraphie et la danse

Si on reprend le principe des "idées images" évoquées au premier chapitre, on imagine facilement que Zhang ait pu traduire les mouvements de la danse de Dame Gong-Sun dans sa cursive. Voilà pourquoi on a caractérisé son écriture par des expressions telles que «agile comme le dragon errant», «rapide comme un serpent effrayé» et «douée d'une très grande mobilité d'expression».

Il est indéniable que la danse et la calligraphie séduisent l'une et l'autre par la grâce de leur mouvement. Bien sûr, leur moyen d'expression diffère : des traits sur le papier pour la calligraphie, le mouvement du corps pour la danse. Mais la position que l'on prend pour manoeuvrer le pinceau agit profondement sur la qualité des traits qu'on obtient. L'exercice de la calligraphie contribue au bien-être et favorise la détente mentale et nerveuse.

Plus on la pratique, meilleurs sont ses effets. Lorsque les débutants semblent n'en retirer ni plaisir ni avantage, c'est qu'ils ignorent les secrets et l'esprit des techniques de manoeuvre du pinceau. Quand on compare les écrits pleins de vie et de passion qui nous viennent du passé avec les calligraphies ternes et stéréotypées de nos jours, on a l'impression que cet art est en plein déclin.

Dans l'espoir de mieux faire comprendre au lecteur les principes majeurs de la calligraphie, je vais établir un parallèle entre la calligraphie et la danse sociale qui se pratique aussi bien en Orient qu'en Occident.

  • Le corps mène la danse.
    Quand on danse, l'impulsion naturelle des mouvements destinés à avancer, reculer ou tourner vient du corps et les pieds suivent sans jamais prendre l'initiative. C'est ce qui donne grâce et harmonie au mouvement. De la même façon, en calligraphie on n'utilise pas les doigts pour manoeuvrer le pinceau, au contraire, selon la taille des caractères, l'impulsion doit partir du poignet, du coude, de l'épaule, ou même de la taille pour être transmise aux doigts. On arrive finalement au stade où, selon la recommandation des anciens, la force de tout le corps passe dans l'écriture  Bien des traités de calligraphie comportent des discussions très élaborées sur la manière d'utiliser les doigts pour tenir le pinceau, mais très peu mentionnent le corps comme l'initiateur du mouvement. "Bouge le pinceau avec le corps, les doigts ne servent qu'à le tenir" : si on ignore ce principe, que l'on soit assis ou debout, on va se tienir raide et manoeuvrer le pinceau à la seule force des doigts, exécutant ainsi une calligraphie faible et sans âme.
  • Utiliser le centre de gravité
    Quand on danse, on se tient alternativement sur l'un ou l'autre pied pendant que le corps avance, recule, s'écarte ou se retourne. Ce faisant, il faut avoir une bonne assise sur le pied qui reçoit le centre de gravité et supporte le poids du corps, pour pouvoir bouger dans toutes les directions sans perdre l'équilibre. En calligraphie, on peut comparer l'extrémité du pinceau à un pied unique sur lequel on se tient. La force que l'on transmet ainsi à la pointe permet de tracer des traits puissants que l'on peut librement développer dans toutes les directions.
  • Prendre une bonne position
    Dés la fin d'un pas s'amorce le pas suivant et le danseur s'y prépare en prennant une bonne position. Les mouvements ne sont pas difficiles mais ils sont très variés. Par exemple, avant de tourner il est recommandé de tourner légèrement le corps dans la direction opposée pour se donner plus d'aisance et d'élan. En calligraphie, on doit aussi donner une bonne position au pinceau, au début et à la fin d'un trait. En début de trait, «l'attaque cachée», fait d'abord aller le pinceau dans la direction opposée à celle du trait : s'il doit aller à droite, on commence par bouger le pinceau vers la gauche, s'il doit aller vers le bas, on le bouge d'abord vers le haut. Ce faisant il n'est plus possible de maintenir le manche du pinceau perpendiculaire à la surface du papier et il va s'incliner dans le premier cas vers la gauche puis vers la droite et dans le second vers le haut puis vers le bas. De même en fin de trait il faut bien orienter le pinceau pour préparer l'attaque du trait suivant.
  • Retour à la position de départ.
    Après avoir exécuté une figure de pas, on replace les pieds dans la position de départ (pieds joints ou pas enchaîné). Le danseur peut ainsi se mouvoir aisément dans n'importe quelle direction sans perdre l'équilibre. En calligraphie, chaque trait peut être considéré comme une figure de pas de danse. Quand on termine un trait, on doit rassembler les poils du pinceau pour en reconstituer la pointe avant d'en commencer un autre. En redonnant ainsi sa forme originelle à la pointe on évite que les poils du pinceau ne se désagrègent et ne produisent des traits indésirables.
  • Orientation
    Quand on danse, que l'on avance, recule ou tourne, il faut anticiper la direction à prendre pour bien préparer le mouvement. En manoeuvrant le pinceau, on doit aussi savoir dans quelle direction on s'en va pour bien porter la pointe d'un trait à l'autre. C'est la seule façon de donner de l'élégance à un caractère et une belle composition à l'ensemble de la calligraphie.
  • Précision de réaction
    En dansant, les deux partenaires communiquent entre eux par des pressions de la main ou du corps. D'où l'importance de la disposition des mains et des tractions ou pressions diverses. Seul un contact parfaitement mesuré peut provoquer la réponse voulue pour que les deux danseurs accordent leurs pas. En calligraphie, c'est le calligraphe qui mène la danse et le pinceau qui se laisse conduire. Il faut toujours accorder une grande attention à la position qu'on donne au pinceau et à la force qu'on lui imprime. On peut alors répondre avec beaucoup de précision au plus petit mouvement de la pointe sur le papier et ajuster à volonté sa force et sa vitesse d'exécution.  
  • Enchaînement et rythme
    Comme les danseurs, le calligraphe peut faire des mouvements légers ou lourds, vifs ou lents La danse suit le rythme de la musique et la façon dont le danseur l'interprète. En calligraphie, les caractères, les styles et les idées-images ont leurs propres rythmes. Ils sont très variés. On peut les interpréter avec beaucoup de liberté, mais c'est très exigent. De façon générale, les écritures, sigillaire, cléricale et régulière, ont des rythmes lents et moins variés que ceux de la cursive et de la courante. Si on imprime un bon rythme à l'exécution des traits, ils déborderont de vie et de dynamisme.
  • Retenir l'impulsion
    Il est fréquent de marquer un certain retard en faisant un pas de danse. En calligraphie, il faut aussi savoir retenir le mouvement du pinceau. Retarder un pas revient à prolonger un instant le contact du pied au sol pour acquérir de l'élan et libérer l'impulsion ainsi accumulée dans le mouvement suivant. Pour retenir le pinceau on en incline momentanément le manche comme si on devait vaincre une résistance pour pouvoir progresser. On comprend mieux cette observation des calligraphes professionnels : «un son de friction est produit par la pointe sur le papier quand on exerce un mouvement retenu du pinceau ». Il a pour effet de rendre toutes les parties du trait puissantes et robustes.
  • Rectitude et courbe
    Même si on ne laisse pas de trace sur le sol quand on danse, les pas qui font avancer, reculer ou virer devraient obéir au principe suivant : «la ligne droite ressort de la courbe et la courbe cache la ligne droite». En calligraphie, si on ne se plie pas à ce principe, la forme de chaque trait, la construction de chaque caractère, et la composition de  l'oeuvre dans son ensemble perdront la beauté d'un enchaînement élégant.
  • Souplesse
    Il est préférable de fléchir légèrement les genoux en dansant. En calligraphie, il faut légèrement arquer les doigts. On évite ainsi toute rigidité qui enlèverait flexibilité et agilité à l'exécution.

Mouvements de pinceau et l'ensemble du corps

Ces analogies suffiront à démontrer à notre lecteur que la calligraphie demande un engagement de tout le corps dans les mouvements du pinceau. Les différentes techniques de manoeuvre du pinceau ont été présentées au chapitre 5, mais il faut savoir qu'au plus haut niveau la main et l'esprit ne font qu'un. Alors, «la main ne produit pas le mouvement, mais c'est le poignet ; le poignet ne produit pas le mouvement, mais c'est l'esprit». Et c'est lorsque l'esprit crée le mouvement que la calligraphie atteint le plus haut sommet de l'art. Elle réalise cette union des techniques et des idées-images dont on parlait au chapitre 1. Les choses les plus ordinaires de la vie courante peuvent devenir des idées-images pour le calligraphe. On en trouve de nombreux exemples dans le passé :

  • Cai Yong, de la dynastie des Han, a vu un jour un maçon peindre des caractères à la chaux. Entièrement captivé par cette scène, il inventa en rentrant chez lui l'écriture dite du «blanc volant»
  • Zhang Xu, de la dynastie des Tang, traduit dans sa calligraphie des phénomènes inhabituels et surprenants observés sur terre et dans le ciel. Il développa des techniques inédites de maniement du pinceau après avoir regardé les porteurs d'une princesse lutter pour se frayer un chemin sur la route et écouté le souffle et le rythme de certains instruments de musique.
  • Yan Zhen Xiang, lui aussi de la dynastie des Tang, utilisa «les traces laissées sur une maison qui prend l'eau» pour décrire la simplicité et la vitalité des manoeuvres du pinceau.
  • Huang Ting Xian, de la dynastie des Sung, voyant un jour «un batelier ramer avec une godille» saisit comment mener la pointe du pinceau le long d'un trait.
  • Xian-Yu Shu, de la même dynastie, ressentit les effets de la technique de retenue du pinceau en observant «les efforts d'un conducteur qui faisait avancer son chariot dans la boue» .
  • Ou-Yang Xiu, à la même époque, décrivait la calligraphie de Chai Seung par cette image : «C'est quelqu'un qui remonte le courant de toutes ses forces, en restant toujours à la même place». Ceci explique bien l'effet de résistance produit par la technique de retenue du pinceau remarquablement employée par Chai.
  • Wen Tung, plus tard, pendant la dynastie des Sung, vit un combat de serpents et réalisa comment Chang Yuk et Wai So avaient l'un et l'autre saisi le principe de l'écriture cursive.

C'est en méditant les expériences de création des anciens calligraphes que nous ferons des découvertes et obtiendrons des effets inédits dans notre pratique de la calligraphie. Nous élèverons du même coup notre niveau de compréhension de cet art. Nous comprendrons mieux l'esprit même de la calligraphie qui reste inséparable de la vie courante dont tous les phénomènes peuvent devenir une source d'inspiration.

  • Chapitre 5
    les techniques de calligraphie

La beauté d'une calligraphie tient :

  • aux techniques de maniement du pinceau,
  • à la construction de chaque caractère,
  • à la composition de l'oeuvre.

Fait de poils souples et doux, le pinceau répond au plus ample comme au plus infime mouvement qu'on lui imprime produisant des traits d'une incroyable variété. Les techniques de maniement du pinceau permettent d'en contrôler la douceur et la flexibilité. Essayer de construire et de composer des caractères sans connaître ces techniques est à peu prés aussi fou que de vouloir construire un château dans les airs. L'architecture des caractères repose sur des traits, épais et puissants ou minces et élégants exécutés avec des mouvements appropriés. Il faut avant tout apprendre les techniques pour les réaliser. Ces techniques incluent la position du corps, la tenue du pinceau, la position du poignet, le contrôle de la pression exercée sur la pointe et le maniement de celle-ci. Ces règles ne sont pas immuables mais elles s'adaptent à la taille des caractères et aux habitudes de chacun.

La posture

La position du corps doit permettre de coordonner le mouvement des doigts, du poignet, du coude de l'épaule et de la taille. L'écriture demande aise et confort. Que l'on se tienne assis ou debout, éviter toute forme de tension. En général, on devrait écrire debout les caractères de plus de 10 cm. Cette position donne non seulement de l'aisance pour manoeuvrer le pinceau mais aussi un large champ de vision qui facilite la construction des caractères et l'organisation de l'ensemble de l'oeuvre. On recommande de s'asseoir pour écrire les caractères plus petits. Mais là encore le choix de ces positions dépend du  confort de chacun. Voici une description de la bonne position :

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  • Placer le papier à plat sur la table, perpendiculaire au bord. Bien s'asseoir sur une chaise ou rester debout s'il s'agit de gros caractères. Dans l'une ou l'autre position, laisser reposer les pieds sur le sol, légèrement écartés (20 à 30 cm).
  • Dans la position assise, placer également les deux avant-bras sur la table, formant un angle de 45 degrés avec la poitrine. Déposer la main gauche sur le papier et tenir le pinceau de la main droite. En position debout, le poignet et le coude droits sont levés au-dessus de la table alors que la main gauche repose sur le papier. On doit chercher un équilibre entre les deux mains Au cours de l'écriture, la main gauche déplace le papier de temps en temps pour le mettre en bonne position.
  • Tenir droits le dos et la taille, la tête légèrement inclinée vers l'avant. Assis ou debout, ne jamais appuyer le corps sur le bord de la table.
  • Le visage doit s'incliner au-dessus de la partie de la feuille sur laquelle on travaille.

La tenue du Pinceau

Le pinceau se tient avec les cinq doigts de la main. Une bonne tenue du pinceau permet une entière liberté de mouvement. Ainsi, la force de tout le corps passe par l'épaule, le coude, le poignet et les doigts pour s'exercer sur la pointe du pinceau et ainsi tracer des lignes vigoureuses et harmonieuses. En tenant le pinceau trop fermement, on perd de la souplesse et de l'aisance, en le tenant trop mollement, la main devient hésitante et faible. Voici la bonne façon de tenir le pinceau :

  • Saisir le manche fermement avec les phalangettes du pouce, de l’index et du majeur. Tenir le pouce dans une position horizontale et non verticale : ceci permet de créer un vide dans le creux de la main qui facilite le maniement du pinceau. Les phalangettes sont très sensibles et transmettent aisément les moindres mouvements du pinceau sur le papier.
  • Tenir le petit doigt en contact étroit avec l'annuaire dont on presse l'ongle sur la partie du manche située au-dessous du pouce.
  • Éviter de trop serrer le pinceau et laisser les doigts se courber autour du manche.
  • Tenir le manche du pinceau à une hauteur proportionnelle à la grandeur des caractères écrits, entre 4 et 8 cm à partir de sa base. D'une façon générale, plus haut on pose les doigts sur le manche, plus on gagne en liberté de mouvement; en tenant le pinceau plus bas, on gagne en force et stabilité.
  • Le manche du pinceau doit s'élever à peu prés dans la direction du nez, mais légèrement du coté droit.
  • En écrivant, tenir fermement le manche en exerçant une égale pression dans chaque doigt.
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Règles essentielles

  • Joindre les doigts:
    Pour une prise ferme, ne pas écarter les doigts les uns des autres.
  • Créer un vide dans le creux de la main:
    Une bonne prise du manche du pinceau avec les phalangettes crée un espace dans la paume de la main.
  • Dresser la main:
    Pour écrire des caractères de moyenne ou petite taille, tenir la paume verticalement, et non pas alignée avec le poignet, que celui-ci soit posé ou soulevé. Pour écrire les grands caractères, tenir la main presque parallèle à la surface du papier, le poignet et le coude en suspension.
  • Placer le poignet:
    Le poignet doit être parallèle à la feuille de papier, ce qui a pour effet de permettre au haut du pinceau de s'incliner vers la gauche, pour retourner la pointe lors de l'exécution d'une «attaque cachée» (voir en section 5).
  • Dresser le pinceau:
    En toute circonstance, maintenir le bout du pinceau droit et éviter de le coucher sur le papier. C'est la clé de la technique dite de la «pointe centrée» ( voir en section 5). L'idée de cette technique de base consiste à dresser le manche du pinceau de telle sorte qu'il puisse s'incliner dans n'importe quelle direction et que la pression s'exerce pleinement sur la pointe. Notez bien que cette technique qui exige de toujours maintenir le bout du pinceau à la verticale de la surface du papier est le fondement de la pointe centrée, mais n'est pas la position la plus facile pour exercer une bonne pression.

La position du poignet

La position du poignet est capitale pour manier avec agilité le pinceau et exercer la force du corps jusqu'à l'extrémité de la pointe. Il y a plusieurs façons de tenir le poignet selon la taille des caractères.

  • Poignet posé
    En position assise, le poignet et le coude sont posés sur la table. De cette manière, seuls les doigts bougent le bout du pinceau, ce qui ne donne pas une grande ampleur de mouvement. Il est alors difficile d'exécuter des caractères supérieurs à 2 cm.
  • Poignet soulevé
    Ici, on soulève le poignet en laissant le coude posé sur la table. De cette façon, non seulement on peut manier le pinceau plus facilement, mais on peut aussi exercer une meilleure pression. Soulever le poignet à une hauteur proportionnelle à celle des caractères, d'autant plus haut que les caractères sont grands. C'est la position recommandée pour écrire des caractères de 2 à 6 cm.
  • Bras suspendu
    Ici, le coude et le poignet sont soulevés au-dessus de la table. Sans une bonne pratique, cette position rend la main faible et tremblante; si on a acquis une certaine adresse, elle permet de manoeuvrer le pinceau avec beaucoup de force et de liberté. C'est la position recommandée pour écrire les caractères supérieurs à 6 cm, assis ou debout. Les caractères de plus de 10 cm doivent être tracés debout.
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Le maniement du pinceau

Il s'agit ici, en manoeuvrant le pinceau, d'ajuster la force de pression exercée par le corps sur la pointe. Cette technique dépend de la taille des caractères.

  • Mouvements du poignet
    Caractères de 2 à 4 cm. C'est le poignet, légèrement soulevé, qui dirige le pinceau, tandis que le coude repose sur la table.
  • Mouvements du coude
    Caractères de 2 à 6 cm. C'est par le coude que s'exerce la pression sur le pinceau. Il reste posé sur la table alors que le poignet est élevé à une hauteur proportionnelle à celle des caractères. Les doigts et le poignet suivent le mouvement du coude.
  • Mouvements de l'épaule
    Caractères supérieurs à 6 cm. C'est la force de l'épaule qui est imprimée au pinceau, le bras tout entier est levé, les doigts, le poignet et le coude suivent le mouvement.
  • Mouvements de la taille
    Caractères de plus de 50 cm. Ici, toute la force du corps est transmise au pinceau, les doigts, le poignet et l'épaule suivant le mouvement de la taille. Dans ce cas, le calligraphe peut même se tenir sur le papier déposé sur le sol.

l'utilisation de la pointe

Pour bien manier l'extrémité du pinceau (on entend ici toute la partie faite de poils), le secret consiste à bien en contrôler la pointe. Ceci permet de donner aux traits leur force et les formes les plus variées. Si on écrase tout l'extrémité du pinceau sur le papier, on obtient des traits rigides, monotones et sans intérêt. De plus, un trait terminé ne doit jamais être corrigé, car on risque de le déformer et de lui faire perdre tout dynamisme. Il est nécessaire de comprendre les principes et les méthodes d'utilisation de la pointe du pinceau avant d'obtenir quelque résultat. Alors «l'idée précède l'écrit»

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Principes fondamentaux

  • Attaque cachée
    Cette technique permet d'éviter de commencer un trait par une forme en pointe peu élégante. On commence le trait en formant «un point», puis on soulève un peu la pointe du pinceau et on la bouge dans la direction du trait. Dans le cas d'un trait vertical (la direction du trait est vers le bas) aller d'abord un peu vers le haut, puis recouvrir ce trait en allant vers le bas. Dans le cas d'un trait horizontal (la direction du trait est vers la droite) commencer en allant d'abord vers la gauche. Cette technique remplit trois fonctions:
    • Elle permet de prendre une position telle que l'on puisse libérer facilement la force de pression que l'on veut exercer sur le pinceau. Par exemple, on peut de cette façon incliner le haut du pinceau vers la gauche pour en diriger la pointe vers la droite, ou incliner le manche vers le haut pour diriger la pointe vers le bas.
    • Elle permet de répartir également les poils de la pointe du pinceau avant un mouvement vers le bas ou vers la droite. Le trait s'inscrit régulièrement autour de la ligne centrale.
    • Elle permet de faire des points «arrondis» ou «anguleux» au début des traits.
  • Pointe centrée
    On aplatit également les poils de la pointe du pinceau sur le papier et on les déplace sur la ligne centrale du trait. Le manche peut s'incliner dans n'importe quelle direction alors que la force de pression s'applique sur la pointe du pinceau. Le manche du pinceau n'est pas toujours à la verticale de la surface du papier (voir section 2, règles essentielles 5). La «pointe centrée» est la principale technique de calligraphie chinoise. Les lignes ainsi tracées paraissent épaisses, rondes et animées d'un effet tridimensionnel. Cette technique permet de faire porter sur la pointe toute la pression que le corps exerce sur le pinceau et de réaliser ainsi des lignes fortes et puissantes, même si elles sont fines comme des cheveux.
  • Terminaison retournée
    Cette technique consiste à conduire la pointe jusqu'au bout du trait, à la soulever légèrement tout en la retournant vivement vers le trait. Elle remplit trois fonctions :
    • Exercer la même pression sur le pinceau jusqu'à l'extrémité du trait.
    • Terminer les traits par des points «arrondis» ou «anguleux».
    • Faire prendre à la pointe du pinceau une position telle qu'elle puisse se détendre avec force dans n'importe quelle direction en étant prête à attaquer un autre trait.
  • Pointe oblique
    Cette technique consiste à incliner la pointe au commencement d'un trait pour revenir ensuite rapidement dans la position de la «pointe centrée» en évitant que le bout du pinceau ne traîne sur le papier comme une vadrouille sur le sol. Cette technique permet de donner un profil «anguleux» au début et à la fin des traits .
  • Terminaison exposée
    Quand la pointe du pinceau arrive à la fin du trait, on la soulève pour la diriger d'un mouvement rapide vers l'extérieur et du même geste on la redresse en l'air dans la direction du trait. L'extrémité du trait paraît ainsi pointue et forte. Bien utilisée cette technique produit des traits élégants.
  • Soulever ou Presser
    «soulever» consiste à redresser la pointe sans quitter le papier pour tracer des lignes étroites et fines. «Presser» consiste à appuyer fortement la pointe sur le papier pour obtenir des lignes épaisses et larges. Ces techniques permettent d'obtenir différents effets :
    • De tracer des traits «arrondis» larges ou fins, avec la «pointe centrée»;
    • De tracer des traits «anguleux» larges ou fins, avec la «pointe oblique»;
    • De reformer la pointe du pinceau en passant de la «pointe inclinée oblique» à la «pointe centrée»;
  • Accélérer ou Retenir
    «Accélérer» la vitesse d'exécution permet d'exprimer dynamisme et vitalité. Mais une vitesse excessive peut entraîner des formes imparfaites. «Retenir» s'obtient en ralentissant le mouvement du pinceau, comme s'il y avait un obstacle sur le chemin que l'on doive repousser pour pouvoir continuer. Cette technique permet d'éviter des traits  raides ou flottants. Elle a pour effet de ralentir le mouvement du pinceau. Mais trop de retenue enlève tout dynamisme aux traits.  
  • Traits «anguleux» ou «arrondis»
    Les traits «anguleux» présentent des angles au début, à la fin ou à un tournant. Si ils ne présentent pas d'angles, ils sont «arrondis». On obtient des «angles» en «inclinant latéralement la pointe» et en la «pressant» sur le papier. On obtient des  «arrondis» en utilisant la «pointe centrée» et en la «soulevant» pour tourner ou terminer. Les «angles» font ressortir la force d'un trait. alors que les «arrondis» traduisent une plus grande réserve.
  • Changements de direction et articulations
    Pour produire des «angles» en tournant, on «incline latéralement la pointe» du pinceau et on la «presse» sur le papier. Pour produire un «arrondi» on garde la «pointe centrée» et on la «soulève».
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  • Chapitre 6
    Une approche de la calligraphie par l'écriture sigillaire

Le bon script pour les débutants

On distingue, selon leur ordre de crécritureéation chronologique, l'écriture sigillaire, la cléricale, la cursive, la courante et la régulière. Un débutant doit choisir un style pour apprendre. Les écritures cursives et courantes requièrent des techniques de pinceau complexes et séduisent par la beauté de leur mouvement. La plupart des gens les apprécient spontanément, et beaucoup sont tentés de commencer par elles. Mais ceci revient à vouloir courir avant de savoir marcher. Comment ne pas tomber ? Traditionnellement les points de vue divergent sur le style le plus approprié pour un débutant : l'un préconise la sigillaire et l'autre la régulière. On ne sait toujours pas quel est le meilleure. En ce qui concerne l'écriture régulière, elle comporte des techniques variées, et elle est utilisée dans la vie courante, si bien que l'on est tenté de la choisir pour débuter. Pour ma part, je crois qu'il vaut mieux commencer par la sigillaire.

L'écriture sigillaire

On reconnaissait autrefois qu'on pouvait difficilement atteindre un niveau d'excellence en calligraphie sans connaître la sigillaire et la cléricale. Il faut donc les apprendre. Un débutant doit d'abord savoir se servir d'un pinceau. Même si chaque style obéit à des règles de composition particulières, ils se développent tous à partir des techniques de base de la sigillaire, soit «l'attaque cachée», «la pointe centrée» et la «terminaison retournée». Tous les écrits calligraphiques que l'on peut trouver se fondent sur ces techniques dont la simplicité permet de produire des traits ronds et puissants, sans angles apparents. La sigillaire utilise une moins grande variété de mouvements, tels que soulever et appuyer, que les autres écritures, ce qui la rend plus facile à assimiler.

L'écriture régulière,

Si les techniques de l'écriture régulière sont plus variées, elles sont aussi plus complexes et de ce fait moins accessibles au débutant. Autrefois le pinceau était tout aussi bien utilisé dans la vie courante que dans le domaine de l'art. De nos jours il n'a plus qu'une fonction artistique, et le débutant ne possède qu'une connaissance très limitée de son maniement. En abordant directement les nombreuses techniques de l'écriture régulière, il risque fort de s'embrouiller, et de mal saisir les principes de manoeuvre du pinceau. Il sera peut-être capable de reproduire la forme des traits mais sans pouvoir leur donner de vie. Sa calligraphie n'atteindra jamais un niveau supérieur. Il gagnera donc à pratiquer d'abord la sigillaire, qui lui permettra d'acquérir une prise ferme des mouvements fondamentaux du pinceau, attaque cachée, développement la pointe centrée et terminaison retournée, et de produire des traits ronds et puissants. À partir de cette base, il pourra apprendre n'importe quel autre style. L'écriture courante, animée de l'esprit de la sigillaire, est vigoureuse et puissante. L'écriture cursive, réalisée avec la pointe centrée, présente des traits pleins de grâce et l'écriture régulière, harmonisant le génie de la sigillaire et de la cléricale, intègre heureusement les traits ronds et anguleux.

Courbes dans l'écriture sigillaire

Quand les lignes sont parfaitement droites, elles paraissent lourdes et sans intérêt. C'est dans les courbes des points et des traits que se tient un des principaux facteurs de beauté en calligraphie. Chacun des cinq styles présente un type particulier de courbe. Chaque grand calligraphe a développé son propre style de courbe. L'élégance des courbes dont est composée l'écriture sigillaire tient à l'adage «la ligne droite ressort de la courbe et la courbe cache la ligne droite». C'est en effet la meilleure façon d'explorer les courbes.

Méthode en trois parties et Tourner

Pour produire les différentes formes de points et de lignes, aux profils arrondis ou anguleux, ou une combinaison des deux, on utilise invariablement les trois opérations fondamentales de la technique de la sigillaire. Tout trait se décompose donc en trois mouvements : Par exemple, dans le cas du trait horizontal, mouvement vers la gauche (première étape), mouvement vers la droite (deuxième étape), mouvement vers la gauche (troisième étape). Voir figure 1. Notez bien que la différence entre le profil anguleux ou arrondi des traits ne tient qu'à la seule façon dont on applique ces trois opérations. Voici donc une description détaillée de cette «méthode en trois parties» dans le cas des traits «ronds» de la sigillaire.

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Méthode en trois parties et Tourner

  • Attaque cachée
    Dans le cas d'un trait horizontal vers la droite, déplacer un peu la pointe d'abord vers la gauche; dans le cas d'un trait vertical vers le bas, déplacer la pointe d'abord vers le haut. Dans l'un ou l'autre cas, la pointe du pinceau se déplace le long de la même ligne droite. Pour tracer un trait horizontal, placer le haut du manche du pinceau vers la gauche (vers le haut dans le cas d'un trait vertical) et appuyer ainsi la pointe vers la gauche (vers le haut dans le cas d'un trait vertical) en redressant le haut du manche pour atteindre le point de départ du trait. Alors, presser pour former un «point» rond. À ce moment, incliner le haut du pinceau vers la gauche (ou vers le haut dans le cas d'un trait vertical). De cette façon on peut facilement contrôler la pression qu'on exerce sur la pointe. Première étape.
  • Développement la pointe centrée
    Après avoir tracé un point avec la technique de l'attaque cachée, soulever un peu la pointe et en étalant également les poils sur le papier former un tait horizontal vers la droite (ou vers le bas, trait vertical). En déplaçant le pinceau, garder la pointe au même niveau jusqu'à la fin du trait. Deuxième étage.
  • Terminaison retournée
    À la fin du trait, soulever la pointe et la porter rapidement vers la gauche (trait horizontal),vers le haut (trait vertical) de façon à la retourner en sens inverse du trait en donnant à l'extrémité une forme ronde. Troisième étape.
  • Tourner - Changements de direction
    Pour Changements de direction, soulever un peu la pointe du pinceau et poursuivre le mouvement en gardant la pointe centrée.
  • Chapitre 7
    Techniques de pinceau de l'écriture régulière

Comme professeur, je crois pouvoir affirmer que l'ensemble des techniques de pinceau de la sigillaire constitue la première et indispensable étape dans l'apprentissage de la calligraphie. Cette habilité une fois acquise ouvre la voie de l'étude de la régulière et de la cléricale, et finalement à celle de la courante et de la cursive (voir chapitre 4). Les trois mêmes opérations, à savoir : l'attaque cachée, le développement la pointe centrée et la terminaison retournée, servent à tracer la régulière dont les traits présentent une combinaison de formes rondes et anguleuses. Je teins à présenter ici les techniques de l'écriture régulière par lesquelles, selon certaines écoles de pensée, il est préférable de commencer. Les méthodes de base de l'écriture régulière peuvent se décrire ainsi :

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Méthode en trois parties et articulations

  • Attaque cachée
    Commencer le trait avec la pointe inclinée, comme pour couper au travers. En d'autres mots, commencer un trait horizontal avec un mouvement vertical de la pointe et un trait vertical avec un mouvement horizontal de la pointe. La pointe du pinceau ne se déplace pas d'avant en arrière sur la même ligne, comme dans la sigillaire. Commencer par incliner la pointe du pinceau jusqu'à ce qu'elle rejoigne le coin supérieur gauche du début du trait, puis arrêter pour faire un point. La pointe du pinceau est encore légèrement inclinée, il faut alors la soulever et la ramener dans une position centrée sur la ligne du trait. Pour que la pression du pinceau s'exerce facilement dans la direction désirée, incliner le haut du manche du pinceau vers la gauche dans le cas d'un trait horizontal et vers le haut dans le cas d'un trait vertical. Première étape.
  • Développement la pointe centrée
    Après avoir formé un point anguleux avec une attaque cachée, soulever un peu la pointe et prolonger ce point en déplaçant la pointe centrée vers la droite pour développer un trait horizontal, et vers le bas pour un trait vertical. Certains styles s'exécutent en soulevant légèrement la pointe en formant le trait, d'autres, au contraire, en la pressant. Deuxième étape.
  • Terminaison retournée
    À la fin du trait (trait horizontal), presser la pointe vers le bas pour former un angle puis la soulever et la retourner dans la direction du trait. Troisième étape.
  • Terminaison exposée
    Voir chapitre 5 l'explication donnée section 5. Pour former un crochet, soulever légèrement la pointe à la fin du trait, s'arrêter un instant et former le crochet en libérant la pression exercée sur la pointe dans la dirction désirée.
  • Articulations
    Pour former un angle à la jonction de 2 traits, presser le pinceau en inclinant la pointe à la fin du premier trait, puis soulever et orienter la pointe en direction du deuxième trait.

The Character “Eternity”

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  • Chapitre 8
    L'étude des oeuvres anciennes

La seule manière d'apprendre la calligraphie chinoise consiste à tracer copier et lire les oeuvres anciennes. L'histoire de la calligraphie est si longue qu'il en existe des milliers. Elles servent de référence au calligraphe tout au long de sa vie. Un débutant doit choisir une oeuvre et s'exercer à la reproduire jusqu'à ce qu'il ait intégré l'habileté qu'elle requiert. Il vaut mieux éviter de passer d'une oeuvre à une autre sans raison particulière, car ça revient à abandonner son apprentissage en chemin. Comme dit le dicton chinois, on ne devient pas calligraphe en 100 jours et c'est seulement à force d'assiduité et de persévérance qu'on obtient des résultats. Mais il est aussi vain de passer sa vie à copier des caractères si l'on ne possède pas les connaissances et l'expérience requises des techniques de manoeuvre du pinceau . 

Tracer, Copier et Envisager

Voici les trois façon d'apprendre d'un modèle de calligraphie. "Tracer" signifie dessiner sur du papier transparent placé sur l'oeuvre la forme des traits des caractères. Ce faisant, on peut se concentrer sur l'étude des techniques de manipulation du pinceau sans porter attention à la formation des carctères. Suite à cet apprentissage, on peut envisager de copier en étudiant aussi bien les techniques de pinceau que la composition des caractères. Par "copier", on entend reproduire au pinceau les caractères d'un modèle calligraphique. Il vaut mieux tracer d'abord, copier ensuite. Un débutant devrait choisir une oeuvre dont les caractères mesurent environ 5 cm. Les reproductions des oeuvres anciennes présentent souvent des caractères flous ou indéchiffrables qu'on peut très bien ignorer. Finalement il faut "lire" un modèle de calligraphie, c'est à lire examiner attentivement tous ses éléments, formes et le mouvement. De temps en temps on comparera sa copie manuscrite avec l'original pour approfondir sa compréhension de ce qu'est la calligraphie.

Les oeuvres suivantes, classées selon les différents styles d'écriture, sont des modèles très réputés

Écriture sigillaire

Les Tambours de pierre de la dynastie des Zhou
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La stèle de la Montagne Yishan de la dynastie des Qin
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Écriture chancellerie

La stèle de Coa-Quan de la dynastie des Han
cao-quan-stela
La stèle des Vases rituels de la dynastie des Han
ritual-vessels

Écriture régulière

La stèle de Yan Qin-li de Yan Zhen-Xiang, de la dynastie des Tang
yan-zhen-xiang_yan-qin-li-stela
La stèle de Zhang Meng-Long de la dynastie des Wei du Nord
zhang-meng-long-stela

Écriture courante

Préface du Pavillon des Orchidées de Wang Xi-Zhi de dynastie des Xin
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Calligraphie sur Soie de Sichuan de Mi Fei de la dynastie des Song
mi-fei_sichuan-silk

Écriture cursive

Quatre poèmes en style ancien de Zhaung Xu de la dynastie des Tang
zhang-xu_4-poems
Autobiographie du moine de Huai Su de la dynastie des Tang
huai-su_autobiography